

Tiré du Livre : Les
contes du perroquet
Éditions Lito

Au bord du ruisseau,
Perle de Rosée
nattait sa longue chevelure noire.
Elle était la fille du chef de la tribu
indienne des Bisons Blancs.
Sur ses frêles épaules reposait la lourde
responsabilité de libérer son peuple du sort
que lui avait jeté les Dieux.
Son père, pour sauver la tribu,
avait dû accepter ce marché.

En éffet, la tribu des
Bisons Blancs était
continuellement harcelée par la tribu
des Flèches Brisées. Celle-ci convoitait
la terre fertile appartenant aux Bisons Blancs.
Les guerriers des deux clans se livraient
des combats sans merci.
Les uns pour défendre ce que
les autres voulaient leur prendre.

Au cours d'un rituel, le
grand sorcier
appela la clémence des dieux
sur le peuple des Bisons Blancs.
Ceux-ci répondirent favorablement à sa prière.
Les Bisons Blancs garderaient leur terre.
En échange, ils devraient, désormais,
vivre coupés du reste du monde.
Ce sortilège disparaîtrait lorsque la fille
de leur chef prendrait un époux.
Peu de temps après, la femme de Rayon de Lune,
chef de cette tribu, donna le jour à une
petite fille. On lui offrit le joli prénom de Perle de Rosée.

Lorsque Perle de Rosée
poussa son premier cri,
la foudre s'abattit sur le canyon.
Un profond précipice entailla le rocher.
Ce précipice était si grand qu'il était impossible
de le franchir. La tribu des Flèches Brisées se
trouvait enfin et à jamais séparée de celle
des Bisons Blancs. Celle-ci put, ainsi, dormir
en paix et vivre libérée de tous soucis.

Que la vie était belle !
Les années passèrent.
Et peu à peu une pesante solitude s'installa sur la tribu.
Les valeureux guerriers s'ennuyaient.
Ils ne pouvaient plus chasser les bisons sauvages
broutant dans la vallée. Et, pour un Indien :
plus de combats, plus de chasses, donc plus de fêtes...
Que la vie était triste !

Perle de Rosée, songeant
à tout cela,
se mit à pleurer. Que pouvait-elle faire ?
Il lui fallait trouver un moyen pour sauver
son peuple de l'ennui qui l'écrasait.
Comment faire, pour le délivrer de sa triste solitude ?
Se marier, allez-vous penser ?
Ainsi prendrait fin le sortilège. Hélas, il lui était
interdit de prendre époux parmi les
jeunes de sa tribu. C'était là une loi ancestrale.
Ses larmes coulèrent dans l'eau clair du ruisseau,
lorsque à la surface de l'onde surgit un castor.
Il en saisit une délicatement puis disparut.
Chaque jour où les larmes de Perle de Rosée
tombaient dans l'eau clair, le castor venait
en cueillir une. Puis, il s'évanouissait, avec son
précieux butin, dans les profondeurs de l'onde.

Lorsque revint le
printemps,
Perle de Rosée prit une décision.
Elle allait franchir le grand précipice afin
de trouver un époux. Elle voulait qu'autour
d'elle renaissent la joie et le bonheur.
Que n,aurait-elle pas offert pour revoir les guerriers,
couverts de peintures, danser autour du feu de camps !...
pour revivre les fêtes indiennes où les barques fleuris
glissaient au fil du courant !...
Elle soupira en pensant à tout cela.
C'est alors qu'apparut le petit castor.

Il lui tendit un collier
fait de douze de ses larmes,
en guise de porte-bonheur.
Perle de Rosée pressa le joli collier sur son coeur.
puis, elle remercia son ami et lui
promit de toujours le porter.
Une larme de joie glissa le long de sa joue brune.
Elle tomba sur le castor. C'est alors que ce
dernier ce métamorphosa en un jeune
et beau guerrier. Il enleva Perle de Rosée
sur son pur-sang. Puis il s'élança, au galop,
vers le camp des Bisons Blancs.

Là, s'agenouillant
devant le père de
la jeune fille, il lui demanda sa main.
Ce beau cavalier était le fils du chef de la tribu
des Flèches Brisées. Il avait été changer en castor
par les dieux. Fort sages, ces derniers avait
laissé, aux jeunes gens, le soin d'éffacer tout sortilège.

Le jour des noces de
Perle de Rosée
et de Soleil Resplendissant, la foudre
s'abbattit de nouveau sur le précipice.
Une masse impressionnante de rochers,
tombant du flan de la montagne, le combla à jamais.
Les deux tribus réconciliées allaient
désormais vivre en paix.
Plus de combats, mais de grandes chasses
aux bisons sauvages et à nouveau ce serait
la fête chez les Indiens.




|