Le mouton vagabond

Tiré du Livre : Les contes du perroquet
Éditions Lito

Quel joli mouton blanc à tête noire et aux pattes fines !
Il suit les moutons blancs du marais, broute l'herbe salée
que la mer recouvre les jours de grande marée.
Ce soir, la mer va cacher le marais et ce sera un grand lac d'argent.
Les mouettes blanches le survolent et crient :
- Allons, allons, les attardés, quittez donc le marais.
Vos maîtres vous attendent près des cabanes.
Olivier renvoie les moutons indociles vers la dune.
- Dix, douze, quatorze, seize, dix huit, dix neuf ! compte le jeune garçon.
Il en manque un ! Où est Mouton-tête-noire ?
- Où est-il ? s'écrie Hélène. Cherchons le vite !
Les enfants s'élancent sur une dune d'où l'on domine la marais.
- Je ne voie rien.
- Il est peut-être derrière les roseaux, là-bas ? Je vais voir.
- Et moi, je fais le tour des cabanes à moutons car notre vagabond
s'est peut-être trompé de troupeaux.
La mer monte et envahit tous les îlots verts. Ça y est. L'herbe a disparu.
Où est mouton-tête-noire ?

Mouton-tête-noire gambade dans un champs de carottes.
Quelle belle promenade et comme il se régale, le petit vagabond !
Il saute dans les joncs sur une petite île encore oubliée par la mer.
Mouton-tête-noire attend, goûte un peu. Pouah ! Trop salé !
Le dernière île va disparaître. Bée... Bée... Bée... Bée... Bée...
- Il va se noyer ! ajoute Hélène, le pauvre petit !
- L'imbécile, reprend Olivier. D'où sort-il donc ?
Filons de l'autre côté du marais. Grimpe sur le porte-bagages
et appelle le chien.
Quelle course éffrénée ! Vite le pont, la route, les joncs.
- Chien, vas-y ! Vas-y !
Le chien s'élance dans l'eau, nage jusqu'à l'île déjà recouverte.
- Bée... Bée... Bée..., bêle désespérément Mouton-tête-noire.
Le chien aboie derrière le mouton qui se décide et se jette à l'eau.
- Il nage enfin ! s'écrie Hélène.
- Ah ! il sort de l'eau. Viens, petit, viens appelle Olivier.
Le mouton rassuré avance en levant les pattes dans les joncs pointus.
Hélène attrape la bête toute mouillée et la serre contre elle.
- Mon pauvre petit, tu m'as fait bien peur !